Quand le chanteur du groupe pasticheur et marseillais Les Immondices décide de rester en scène plus longtemps que les dix minutes d’un numéro de cabaret, il écrit une longue pièce avec des copains et la joue deux fois dans une salle louée ; cela donne Les Brosses, présenté à Marseille en 1969. Serge Valletti, né en 1951, commence à faire du théâtre, pour ne plus s’arrêter. Trois autres spectacles s’ensuivent : La Vodka du diable, À fou de jouer et Un prince sans rire. La rencontre avec Éric Eychenne autour d’une vie de Molière confirme l’élan. Et en septembre 1973, Valletti va à Paris, avec trois amis et une valise contenant les costumes et le texte de Miss Terre, qui sera joué dans un café-théâtre près de Pigalle. Il retrouve alors Daniel Mesguich, diseur de poèmes dans les cabarets de Marseille qui, en pleine effervescence du jeune théâtre, l’entraîne dans sa troupe comme acteur pour une douzaine de spectacles brillants et insolents.
Valletti revient à l’écriture avec Au-delà de Rio en 1976 et enchaîne une série de cinq duos, entre fantasme et fait-divers, qu’il promène dans toute la France en compagnie de Jacqueline Darrigade. Il tient en 1980 le rôle principal des Fiancées de banlieue ouest de Louis-Charles Sirjacq, dirigé par Bruno Bayen. Puis, seul, il construit avec cairons et planches une toute petite scène dans une cave de la place des Vosges.
Après un long tête à tête avec Malone meurt de Beckett, il décide de se montrer à découvert et s’écrit un solo. C’est l’étonnante aventure de Balle perdue, Confession d’un mythomane, jouée à la lueur d’une bougie pour deux spectateurs (il n’y a que deux fauteuils) à partir de septembre 1981. Il reprend le spectacle en avril 1982, à la demande de Josyane Horville, pour inaugurer la petite salle de l’Athénée. Valletti aborde alors un projet qui lui est cher, celui d’adapter pour le cinéma un roman de la Série Noire, Mince de prince de Clarence Weff, c’est-à-dire son père (réédité récemment sous le nom d’Alexandre Valletti). C’est en travaillant au film, dirigé par Jean-Louis Comolli, qu’il retrouve le goût du dialogue, et donc du théâtre à plusieurs voix. Il écrit Le jour se lève, Léopold ! (9 personnages) et Mary’s à minuit (solo).
En 1985, il monte un nouveau solo, Renseignements généraux, au théâtre Dejazet. Puis pendant plusieurs mois, à partir de février 1986, il dévide, dans un restaurant italien, deux fois par semaine, un soliloque dérisoire et désopilant, Au bout du comptoir, la mer.
En 1987, Georges Lavaudant le distribue au TNP Villeurbanne dans Le Régent de Jean-Christophe Bailly.