Chastity Riley, en plus d’avoir un prénom hors de propos, est une procureure atypique … Comme c’est la sixième tome de la série (édition allemande) dont elle est le personnage récurrent, on devine qu’elle a déjà bien roulé sa bosse et d’ailleurs, elle est bien cabossée … Visiblement, elle a eu quelques ennuis avec sa hiérarchie et elle se retrouve à la périphérie de l’institution. Elle est entourée, du côté personne,l d’autres personnages, au passé parfois louche, border ou au présent hiératique, qui sont ces béquilles affectives. Tous viennent un peu d’ailleurs, la belle Carla reprend le restaurant des ses parents repartis au Portugal, Rocco en soutien au cuisine, où l’amour peux être explosif … Calabreta, un officiel de police est devenu muet par chagrin d’amour, il s’en remettra à coup d’amitié et de nuits blanches. Klastche est l’amoureux de Chastity, du moins, c’est ce qui ressemble le plus à une liaison régulière pour cette femme qui a la solitude chevillée à l’âme. Celui qui jouera vraiment un rôle dans l’enquête ( ben oui, il y a une enquête quand même …) est Faller, un chef de la police qui traverse une crise post retraite, il s’est mit à reluquer les filles et s’en acheter une pontiac vintage, avec un très grand coffre … Mais surtout, il rumine son humiliation, le piège qui a terni la fin de sa carrière. Tendu par le plus gros malfrat de la ville de Hambourg, un libanais, Gjergi Malaf, celui-ci continue à tenir les ficelles des trafics, notamment de drogue, alors qu’il peut se permettre de parader auprès des huiles de la ville, blanchi à coups de pots de vin et et d’intimidation.
Donc, Chastity … Elle boit, fume, s’envoie en l’air, court pour se remettre de ses nuits le longs des entrepôts ou du quartier rouge, évite le commissariat, préfère les nuits au Blaue Nacht, le café de son amoureux, passe parfois derrière le comptoir, quand elle ne s’y accoude pas coude à coude avec Calabretta. Il faut dire qu’au début du roman, elle a pas mal de temps libre, vu qu’on la collée au service de la protection des victimes, et que pour l’instant, il est dans un si sale état qu’il ne risque pas de sortir de son lit d’hopital. Visiblement tabassé presque à mort, il e compte visiblement pas non plus collaboréer le moins du monde avec les autorités.
Mystérieux inconnu, au costume chic au physique de Georges Cloney, les méthodes fort peu orthodoxes de Chastity vont pourtant lui faire lâcher deux mots qui entrainent la procureure dans une course contre la montre face à de gros gros méchants qui voudraient faire de Hambourg la plaque tournante d’une nouvelle drogue, encore plus dévastatrice que le krack qui circule déjà dans l’underground du port …
La carte de la ville reproduite au début du livre montre que l’action se déroule dans un tout petit périmètre urbain, délimité par les déplacements de Chastity, femme urbaine, de béton et de ciment, quelque peu effrité, faite pour les nuits urbaines et ses rencontres de hasards.
Si le personnage est atypique, le roman l’est aussi pour le genre policier. L’autrice ne cherche nullement à retracer une enquête minutieuse, laisse de côté l’arsenal habituel des vérifications d’hypothèses, du travail d’équipe. On est dans le flux de sa pensée, donc parfois embuée ou qui fonctionne par à coups, souvent drôle, un peu cynique ou désabusée. La langue, qui se cale sur le personnage, est familière, inventive, percutante et elle semble faire corps avec le refus du laisser aller à un désespoir amer qui l’engloutirait.
Malgré tout, l’enquête avance, entrecoupés de courts chapitres, de courts monologues de différents personnages secondaires, amis et malfrats, comme de petites fenêtres, qui font comme des clins d’oeil au lecteur, laissant Chastity vagabonder dans Hambourg, entre deux bières de soutien avec Clara sur une place, éclairée un soleil pressé d’aller éclairer ailleurs.
Une chouette découverte …
