Cette histoire, magique, sensuelle, belle, violente, va nous conter la genèse de Bessa, cette ville mystérieuse, désormais enfouie sous le sable d'un désert que les siècles ont accumulé. Et ce sont bien des contes qui vont se succéder, de chapitre en chapitre, des contes qui n'ont rien à envier à ceux des mille et une nuits de Shéhérazade. Pas d'histoires d'amour, de génie, de lampe magique, mais des voleurs, des tyrans, des concubines, un sultan, un palais...
Le sultan coule une vie paisible dans son magnifique palais de Bessa, entouré de ses trois-cent-soixante-cinq concubines. Mais un nouveau prédicateur arrive, et, insidieusement, commence à recruter des mécontents parmi la population. Les Ascètes, comme ils se nomment, considèrent que la vie menée par le sultan est dépravée, que les habitants de Bessa sont trop libres. Lorsqu'ils envahissent le palais et tuent le sultan et sa cour, le prédicateur, celui qui va prendre la place du sultan, décide de ne pas éliminer les concubines mais de les envoyer en cadeau à un lointain sultan d'une autre ville en gage de paix. Les princes héritiers du sultan, eux, ont tous été froidement éliminés pour éviter qu'ils ne décident de venger leur père. Sauf un, que les concubines ont réussi à cacher.
C'est lors du grand voyage des concubines vers leur nouveau maître que les événements vont s’enchaîner et se mettre en place. Les femmes vont réussir, au fil des mois, des années, à reprendre le pouvoir, à renverser le régime ascète et à reprendre Bessa pour en faire une ville merveilleuse. Mais tout ne finit pas toujours bien.
Ce sont donc de multiples contes sur différents personnages, événements, que nous racontent avec délice les trois auteurs de ce magnifique roman. Certains personnages emblématiques (comme Zuleika, la concubine-Assassin ou Rem la bibliothécaire au don si particulier), ont droit à leur propre conte, retraçant leur parcours.
Cela permet au lecteur de mieux comprendre certaines scènes. Comme souvent dans les contes, il y a beaucoup d'astuces, de roublardises, d'intelligence. L'histoire se met en place petit à petit, pour aboutir à un ensemble qui se lit avec vraiment beaucoup de plaisir.
L'auteur Mike R. Carey ne cache pas non plus son féminisme (il a écrit ce livre avec deux femmes de sa famille), avec ces contes où les femmes ont un rôle primordial. Le titre le dit bien : "Soie" pour la beauté, la sérénité, la volupté et "Acier" pour le combat, la défense de ses droits, le refus de laisser les hommes diriger leur vie.
Un roman qui laisse des traces et que je n'oublierai pas de sitôt.