Avec Le Livre de Koli, l’auteur nous emmène dans un futur très lointain dans lequel la nature a totalement repris ses droits et devient une menace. Les humains sont réduits à vivre dans des petites bourgades aux accents médiévaux, où chacun est tenu de participer à la vie communautaire, sauf une élite : les Remparts. Ces derniers sont en charge de défendre le village contre les menaces extérieures. Alors, évidemment, le rêve de tout adolescent est de devenir Rempart, et d’accéder à ce statut prestigieux. Pour devenir Rempart, il faut que durant la cérémonie, l’outil technologique convoité, vestige du temps ancien, se réveille au toucher de son prétendant. Koli nous conte son histoire et sa quête pour lui devenir un Rempart et l’on comprendra rapidement que le destin aura voulu autre chose pour le jeune homme.
J’ai mis du temps à comprendre pourquoi ce roman était classifié en Science-Fiction (et Post-Apocalyptique). En effet, dès le début, et ce durant les 2 premiers tiers de l’histoire, le récit répondait à beaucoup de codes d’héroic fantasy : un héros esseulé, une quête initiatique, un grand destin inattendu, une amie dont tout le monde est méfiant. Ce n’est que vers la fin qu’on se rend compte des tenants plus post-apocalyptiques : une société en fort déclin pour des raisons peu connues, des êtres humains retranchés dans leur état le plus primaire.
Il y a deux aspects que j’ai tout particulièrement apprécié dans ce roman : le rapport à la technologie (obsolète donc), et le lien avec Monomo.
Tout d’abord, le rapport à la technologie. Je ne vous apprends rien, elle est omniprésente autour de nous en 2021. Ce que je trouve intéressant ici, c’est que cette technologie (pourtant de pointe, à en lire certaines descriptions du roman), a totalement disparu. Et les quelques vestiges restants sont réellement réservés à une élite. De plus, la tech la plus prisée est celle de combat , alors que celle que nous utilisons nous dans notre quotidien, à essentiellement pour but de nous divertir.
C’est justement ce qui m’amène au lien avec Monomo. Monomo est un système à but purement divertissant. Ce que j’ai apprécié dans le lien de Koli à la tablette (enfin, je visualisais une tablette moi), c’est cette abstraction quant au fait qu’elle n’est qu’une machine. Pour Koli, Monomo est tout aussi réelle qu’une personne de chair et d’os. Je trouve que cette relation a une saveur et une puissance toute particulière.
Après moulte péripéties qui nourrissent l’intrigue de ce monde déchu, le roman s’achève à l’aube d’une nouvelle épopée pleine d’espoir pour notre héros et ses compagnons de route. Cette fin m’a tout particulièrement fait penser à l’autre roman que j’ai lu de cet auteur : Celle qui a tous les dons.
Le style d’écriture de l’auteur fonctionne à nouveau merveilleusement bien. M.R. Carey a un réel talent pour la construction de monde et pour le jeu de piste. Chaque fois, il nous donne suffisamment d’information pour faire perdurer notre intérêt et notre lecture, mais jamais assez pour que l’on devine ce qui se trame dans les denses forêts menaçantes.
J’espère trouver dans les deux prochains tomes sont des explications aux évènements qui ont mené à ce monde désenchanté, et de découvrir quelles seront les étapes de ce voyage hors de Mythen-Croyd !
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