J’ai beaucoup entendu parler de Becky Chambers ses dernières années grâce à sa trilogie Voyageurs. N’ayant pas encore commencé sa trilogie, j’ai eu envie de découvrir cette autrice via sa novella qui vient de paraitre aux éditions l’Atalante sous un titre qui m’a rendu curieuse.
Quatre astronautes appartenant à la mission Lawki 6 se réveillent à l’issue d’un voyage de 30 ans en coma artificiel. Leur mission ? Explorer des planètes susceptibles d’abriter la vie. Pour cette mission ce sont quatre planètes que l’équipage du Merian doit étudier avant de reprendre le chemin de la Terre et y revenir 80 ans après leur départ. À travers cette mission scientifique et les quatre personnes qui la compose, Becky Chambers nous dépeint un futur à la fois extraordinaire : l’exploration spatiale, la découverte d’autres espèces et les possibilités pour le corps humain de s’adapter aux planètes étudiées, et dramatique : la Terre surpeuplée est en proie à des conflits continuels aussi bien qu’aux catastrophes naturelles dévastatrices.
En moins de 140 pages, l’autrice réussit le tour de force de nous proposer un récit particulièrement riche entre Hard SF et Planet Opera. Elle nous dépeint un horizon de possibles immenses où il est normal de partir explorer les étoiles en appartenant à une société privée financée par tout à chacun sans but mercantile, que l’on peut explorer des planètes où la vie est fertile sans vouloir à tout prix la coloniser et que quatre personnes peuvent représenter un microcosme extraordinairement riche sans se trucider à la fin.
Je suis particulièrement impressionnée de la finesse avec laquelle Becky Chambers décrit ses personnages, leurs relations, leur travail, leurs aspirations et leur éthique tout en les faisant évoluer avec les différents environnements qu’ils découvrent. Apprendre, si par bonheur est un roman d’une diversité incroyable où l’utopie côtoie une réalité terrestre bien plus sombre.
Autre objet d’admiration pour moi, la présentation que fait l’autrice du travail scientifique effectué par nos astronautes (oui je dis « nos » parce qu’après les avoir suivis dans leurs explorations, j’ai l’impression de faire partie de l’équipage) et par la description de la « solution » pour que l’humanité arpente les étoiles : la « somaformation ». Ces patchs à enzymes qui permettent des modifications morphologiques éphémères afin que les astronautes soient plus adaptées aux environnements qu’il vont étudiés. C’est remarquablement élégant.
Mais en fait tout le récit est d’une élégance rare aussi bien dans l’écriture que dans les thèmes abordés. On a foi ou pas en l’Humanité mais le texte de Becky Chambers est la flamme d’une bougie qui éclaire le peu d’espoir que tout à chacun peut avoir pour le futur de l’humanité : purée que c’est beau.
Vous l’aurez compris, cette novella a été un coup de cœur pour moi. Un livre a recommandé à tous les lecteurs. Apprendre, si par bonheur parle aussi bien de science que des choix que l’Humanité aura à faire pour et dans son futur. La fin est une leçon à part entière qui m’a laissé pantoise puis m’a ravie. J’aurais beaucoup de choses à dire notamment sur la diversité des personnages et sur les espèces inventées mais je veux vous laisser le plaisir de la lecture et des découvertes au fil des pages. Becky Chambers est géniale dans le format court et Apprendre, si par bonheur est une pépite.
Chut maman lit !