Une science-fiction optimiste…
Panga est un monde sur lequel il y a « presque » eu une catastrophe mais où l’humanité est parvenue à se rattraper juste à temps. La société décrite frôle l’utopie par sa bienveillance généralisée, son retour à la nature et son éloignement des folies industrielles bien qu’une certaine technologie continue d’exister. En quelques pages, Becky Chambers parvient à peindre un monde crédible (pour qui a un peu plus d’optimisme que moi dans sa vie, ce qui ne m’a pas empêché de vouloir y croire) duquel la souffrance personnelle n’est pas exclue, ce qui participe justement à le rendre cohérent. C’est d’ailleurs la raison d’être d’un moine de thé qui parcourt les villes et les villages pour offrir une oreille, du réconfort et une tasse de thé aux gens qui ont besoin d’aide, de lâcher prise, de vider leur sac. J’ai trouvé ce simple concept très inspiré et je regrette qu’il n’existe pas par chez moi !
… et philosophique
À partir du moment où Dex rencontre Omphale, la novella prend une tournure plus philosophique. Omphale possède des archives datées au sujet des humains, il ignore beaucoup de choses à leur sujet tout comme Dex n’en sait pas beaucoup sur les robots. C’est ainsi un choc des cultures qui se joue et donnera lieu à quelques scènes touchantes mais aussi à des réflexions intéressantes qui déboucheront à un questionnement au sujet des buts dans la vie. C’est quelque chose qu’on entend souvent dans notre société, il existe une véritable incitation à avoir « un but », à se montrer « utile » au point de culpabiliser les personnes qui ne sont pas « exceptionnelles » ou qui ne se démarquent pas. Cela me touche beaucoup à titre personnel du coup, j’ai noté une phrase qui m’a chamboulée, adressée à Dex par Omphale : « Tu n’as pas besoin de justifier ni de mériter ton existence, tu as le droit de te laisser vivre. »
On peut y voir de la philosophie de comptoir mais je trouve important qu’il existe des textes véhiculant de tels messages dans le paysage littéraire, encore plus dans la littérature de l’imaginaire qui a justement souvent tendance à mettre en scène des aventures exceptionnelles et épiques avec des personnages de grande envergure. Je grossis un peu le trait mais à ma connaissance, les romans de Becky Chambers sont assez uniques en leur genre.
La conclusion de l’ombre :
Un psaume pour les recyclés sauvages est une novella plutôt contemplative et réflexive qui invite tout en douceur à la réflexion sur le sens de (notre) la vie. En une petite centaine de pages, Becky Chambers peint un monde presque utopique et développe une relation intéressante entre un·e moine et un robot qui lui permet d’aborder l’une de ses thématiques récurrentes à savoir le respect des différences culturelles ainsi que la richesse qu’elles apportent aux individus. Une réussite que je recommande vivement.
Ombre bones