Début des années 30 aux Etats-Unis. Une catégorie d'individus est apparue depuis près d'un siècle. On les surnomme les actifs. Chacun d'eux est doté d'une particularité magique (contrôle du feu, de la pensée, de la gravité, etc.). Jake Sullivan en fait partie. Embarqué malgré lui dans une guerre de pouvoir, il va avoir besoin de tout son discernement pour bien choisir son camp.
A priori, Magie brute n'était qu'une autre de ces uchronies à la mode. C'était compter sans le talent de Larry Correia. Son univers est celui d'un monde repensé par la magie. Un monde qui ressemble à celui des années 30, avec de la magie en plus. D'ailleurs, toutes les innovations technologiques sont dues à la magie : télégraphe, dirigeable, électricité, etc. Ajoutez des évènements improbables et vous aurez une petite idée du plaisir à lire Magie brute.
Chaque début de chapitre nous met en présence d'un extrait d'article.
Celui-ci nous décrit l'univers, le décompose pour une meilleure
appréciation. Par ce savant mélange d'extraits, combiné à l'univers, la
réalité du livre nous paraît plausible. Tout est expliqué : science,
magie, histoire. Le monde de Larry Correia est "presque" le
nôtre. Si les évènements improbables sont monnaie courante, si les faits
des personnages ressemblent à ceux des super-héros de nos bandes
dessinées, ne confondez pas. Ici, nous sommes dans un pulp.
Pour ceux qui ignoreraient ce qu'est un pulp,
voici une brève explication : entre 1896 et les années 50, des
magazines firent leur apparition. Les couvertures sont tapageuses, les
titres racoleurs, le papier et l'encre sont de qualité économique, mais
beaucoup de nos héros contemporains vont naître de ces magazines :
Zorro, Doc Savage, Flash Gordon, Captain Future (Capitaine Flam), Conan
le Barbare, pour ne citer que ceux-là. Des aventures rocambolesques, des
univers exotiques et des personnages hauts en couleurs... Fin de
l'explication.
L'auteur met un point d'honneur à bien décrire
chaque personnage. Nous sommes en présence de stéréotypes : un héros au
lourd passé, une jeune fille pas encore femme, une femme fatale, un
méchant TRES méchant... Mais Larry Correia va leur donner à
chacun une histoire, ancrée dans l'univers du livre. Le personnage a
ainsi une biographie qui donne du poids à ses actions. On y rencontre
aussi des personnages réels : Nicolas Tesla, J. Edgar Hoover ou John
Browning. Tout au long du livre, les personnages utilisent des armes
très différentes. Si vous trouvez que l'utilisation et l'explication
sont particulièrement réalistes, c'est normal. Larry Correia a été instructeur d'armes.
Comme
beaucoup de lecteurs, je me suis laissé avoir par le résumé, qui
laissait présager d'une simple série B qu'on oublierait aussitôt
retournée la dernière page. Or, avec une histoire qui est assez proche
de notre réalité, des personnages qui ont un passé, Larry Correia construit
un univers qui est non seulement plaisant à lire mais plausible. Le
lecteur féru d'action aura son quota de bagarres et d'explosions et
celui qui préfère la description des personnages y trouvera aussi son
compte. Bonne nouvelle : l'auteur a prévu une trilogie et, selon
l'éditeur français, il écrit vite. (Note du webmestre : la suite, Malédiction, vient effectivement de paraître.)