L’histoire se déroule dans un monde de fantasy “normal” qui laisse la part belle à la magie et aux sentiments. En effet, les magiciens sont asservis dès leur plus jeune âge à la haute école qui ressemble en fait plus à un pénitencier pour briser leur esprit et les réduire à de simples outils. Un groupe de magiciens déviants décide de contrer cette tyrannie encouragée par le pouvoir royal et travaille à saper son autorité depuis plusieurs générations… En pure perte.
Jusque là, il s’agit juste d’un bon livre traitant d’un sujet souvent vu avec plus ou moins de brio par d’autres auteurs.
Mais ce qui m’a plu avant tout, ce fut d’abord le subtil mélange entre les histoires celtiques fondées sur la relation avec la terre et les esprits de la nature, et une fantasy plus classique qui laisse la part belle aux intrigues de cour et à l’utilisation débridée de la magie.
De plus, la plume travaillée et alerte de l’auteur permet de passer d’un passage de l’histoire à l’autre dans une continuité d’action très agréable à lire. Les différentes parties du livre sont très différentes entre elles avec tout d’abord l’espionnage et les jeux politiques, puis la résistance et le complot, pour finir sur la recherche des dieux disparus et de leurs serviteurs. Les péripéties s’enchaînent pour mettre du rythme tout le long de l’histoire ponctuée de complots et de trahisons. J’ajouterai juste un léger bémol pour quelques passages qui auraient mérité soit d’être plus développés, soit au contraire d’être réduits.
Enfin, pour parler des personnages, l’auteur a créé des hommes et des femmes complexes et atypiques dont les motivations personnelles entreront en conflit ou soutiendront des buts plus grands. Ainsi, j’ai particulièrement aimé le magicien Arik sous ses allures de courtisan qui cachent un homme plus réservé, torturé et d’une très grande intelligence. Il en va de même pour Elizabeth, Madge et Zorr qui décident de se donner entièrement à leur cause en rejetant un système corrompu.
Pour finir, Haute-École ne révolutionnera pas le genre mais constitue un capital sûr qui laisse présager du meilleur pour les livres suivants de Sylvie Denis. C’est un premier jet très réussi.