Il y a parfois des livre que l’on adore et qui nous rendent bavard et puis il y a ceux qui vous marquent tout autant mais que vous êtes bien en peine de décrire : Vita Nostra fut de ceux-là pour moi. Premier tome indépendant d’une trilogie : Les métamorphoses, écrite par Marina et Sergueï Diatchenko, auteurs ukrainiens, Vita Nostra est un petit bijou Fantastique, difficilement descriptible mais assurément réussi. Avant de vous parler du roman en lui-même, je voudrais déjà saluer le beau travail d’éditeur des éditions l’Atalante ainsi que l’excellente traduction de Denis E. Savine.
Il est particulièrement difficile pour moi de vous parler de ce roman. J’ai l’impression que peu importe les mots employés, ils ne seront jamais assez justes pour vous retranscrire mon expérience de lecture et les sentiments qui l’ont accompagné. Je ne veux pas trop vous parler de l’histoire non plus pour ne pas vous givulgacher ce livre. Bref, écrire cette chronique s’avère être un parcours du combattant… mais j’aimerai au moins vous donner envie de découvrir ce livre.
Vita Nostra est un récit qui nous emmène sur les pas de Sacha, jeune étudiante venant d’intégrer l’Institut des technologies spéciales de Torpa. Un choix d’étude pas vraiment fait de son plein gré puisqu’en arrivant à l’Institut elle ne sait même pas ce qu’elle va étudier. Et Sacha va se rendre compte qu’à l’Institut elle n’est pas la seule dans ce cas.
Ce roman est avant tout le récit brillant du passage de l’adolescence à l’âge adulte, cette métamorphose que vont nous décrire les auteurs en jouant aussi bien sur les mots, les concepts que sur les attentes de cet âge où tout est encore à découvrir. Composé de trois parties, chaque partie correspondant à une année passée à l’Institut, ce roman est emplit d’une atmosphère de mystère d’un bout à l’autre, une atmosphère qui perdure même après la fin de la lecture. Car Vita Nostra est un roman d’apprentissage aussi bien pour les étudiants de l’Institut que pour les lecteurs. J’ai presque eu l’impression moi aussi de réapprendre les mots en parcourant ce texte tout comme Sacha en lisant son module textuel.
Je vais être claire, la lecture de ce roman ne peut pas laisser indifférent et arrive à toucher le lecteur a tel point que plus l’histoire avance, plus une frénésie de lecture s’empare de lui. Car le lecteur, comme Sacha, a soif d’apprendre et de comprendre cet environnement à la fois banal (internat, cours de sport, d’anglais et de mathématiques) et emplit d’inconnu et d’une part de magie ? Un roman qui nous parle d’obéissance et de connaissance de soi, d’expérience et de compréhension. Une perle qui manie le langage et les concepts qui y sont liés avec virtuosité pour nous proposer une expérience de lecture entre le classique : un roman d’apprentissage et l’exceptionnel : un roman qui transcende les mots.
Vita Nostra est également un récit fait de gris, le bien, le mal, qu’est-ce vraiment ? Tout est question de point de vue et de motivation. En plus du récit en lui même j’ai aimé le contexte dans lequel il est placé. Dans un pays à la culture russe, il est intéressant de voir l’importance de l’université où l’on fait ses études, la dynamique des liens familiaux et les interactions sociales. Cela en fait un roman qui navigue entre moments de ravissement et dures réalités de la vie…
Au final, ce roman est une perle et une énorme coup de cœur pour moi. Au moment où je finis d’écrire cette chronique, il vient de recevoir le prix Imaginales 2020 du meilleur roman étranger. Alors pour être claire et sur les conseils de Baroona, je vous dirais : lisez ce roman, il y a de bonnes chances que ce soit votre meilleure lecture de l’année !