Cependant, malgré la fausse impertinence de Dooley, on reste loin de
l’humour d’un Chandler, l’agent des services secrets se montrant souvent
d’un conformisme ennuyeux. Heureusement, le récit, lui, est entraînant.
Il démarre juste après une nouvelle résurrection de notre héros qui
visionne la vidéo de son exécution, et nous plonge sur une enquête
trépidante. Les rebondissements sont nombreux et nous tiennent en
haleine, pour ce qui semble être jusqu’aux trois quarts du roman, un
solide polar sur fond de clonage et d’immortalité. Un polar sur un décor
de science-fiction, sans beaucoup plus, car si les personnages peuvent
discuter du volet social du clonage, l’auteur nous plonge peu dans les
bas-fonds de la société. C’est normal, on reste dans l’esprit polar,
tout le récit est raconté du point de vue du détective, mais, là encore,
on est loin de Blade Runner ou d’autres romans écrits depuis sur ce
sujet.
Pour un habitué de SF, ce genre d’histoires est aujourd’hui devenu
classique et la solution de l’enquête peut même se deviner à l’avance.
Quoique… Les coups de théâtre sont bien dosés, les chapitres
s’enchaînent pour un plaisir de lecture évident, et l’on se dit qu’au
final, on aura lu un roman sympa… Puis vient le dernier quart du roman,
tout s’accélère, les révélations arrivent en rafale et le roman se clôt
sur un dernier coup de tonnerre.
Ainsi on comprend comment, malgré le rythme haletant de ce récit,
l’auteur a réussi à nous endormir pour mieux nous surprendre à la fin.
Après tout, cette manière de jouer avec ces lecteurs, c’est peut-être là
que se cachait l’humour à la Chandler…
Christophe ‘652’ Thiennot