Soit le premier tome, où on plante le décor, présente les personnages et
livre le récit des premières escarmouches. Nous avons donc d'un côté un
empire stellaire regroupant races humaines issues d'une grande
dispersion très ancienne à partir d'une ou plusieurs planètes non
identifiées et races non humaines. Cet empire est piloté par une race
humaine en particulier, les Azéens. Azea est une civilisation qui a
évolué sur plusieurs millénaires de manière contrôlée par génie
génétique. Par une sélection rigoureuse de caractères précis, les
généticiens ont mis en oeuvre toutes les possibilités pour stabiliser
des humains intelligents, monogames, pacifistes, doués et en bonne
santé. Tout particulièrement, les télépathes sont suivis, entraînés et
conditionnés pour le service de la communauté. En face de cette
combinaison galactique, nous avons Braxi qui est lui-même un petit
empire à l'opposé intégral de cette conception sociale. Les Braxins sont
extrêmement belliqueux, ne vivent d'ailleurs que pour la guerre. Ils
sont polygames, asservissent leurs femmes, vivent dans un système de
castes dont la prépondérance est assurée par les Braxanas. Ces derniers
sont la quintessence de l'esprit qui règne à Braxi : eugénistes à
l'ancienne, ils éliminent physiquement tout enfant malformé, faible, en
mauvaise santé ou bien pas assez beau jusqu'à obtenir des représentants
d'une beauté prodigieuse, d'une cruauté sans pareille, d'une agressivité
sans mélange. Leurs méthodes d'éducation et leurs codes sociaux
achèvent d'en faire des monstres à l'égo surdimensionné, des demi-dieux
parmi les roturiers, les chefs incontestés de la communauté. Ils ont
pour leur part une exécration des télépathes qui confine à l'horreur et
ces derniers ont été exterminés jusqu'à éradication de leurs gènes sur
Braxi. Deux leaders se dégagent : Zatar, le plus redoutable des
Braxanas, et Anza lyu la plus douée des télépathes azéennes. Dans ce
premier opus, on suit le cheminement d'Anza lyu pour s'extraire de
l'opprobre de son impureté génétique et celui de Zatar qui complote pour
prendre l'ascendant sur sa caste. Leurs chemins vont se croiser
inéluctablement sur la voie de la guerre.
Ce space-opéra est
assez plaisant à lire. L'auteur a réussi à élaborer deux systèmes
sociaux plausibles, intéressants à découvrir. Les Braxanas sont
d'affreux goujats mais en sont bien punis par la faiblesse de leurs
effectifs et leur consanguinité. Les Azéens ne valent pas mieux avec
leur élitisme génétique qui les empêche de voir la valeur de l'accident
reproductif. On ne s'attache vraiment à aucun des personnages ; c'est
l'élucubration dans son ensemble qui est séduisante. La fin de ce tome 1
où les deux personnages principaux se rencontrent enfin et signent une
sorte de pacte d'agression personnelle est alléchante et permet
d'imaginer une suite intense.