Ce pavé est un veritable page-turner. Une fois commencée l’aventure d’Artyom à travers le métro, il est difficile de poser l’ouvrage. En effet, si on peut ranger en partie ce livre dans les récits de passage à l’âge adulte, nous partons d’un personnage qui a la vingtaine passée et qui découvre, en même temps que nous, ce que son monde est devenu. Nous sommes plus proches d’un road trip, un voyage qui va nous faire découvrir un monde, ceux qui l’habitent, ses créatures et les rêves. Chaque station devient un exemple des façons de vivre ensemble et des différents courants politiques, de la ligne rouge, communiste, aux trois stations néo-nazies, en passant par les commerçants et celles encore inconnues. Une seule manière pour tenter de se repérer dans ce labyrinthe : les vieilles cartes du métro moscovite, que le lecteur retrouvera aussi à l’intérieur du livre.
Véritable livre phénomène, traduit dans une vingtaine de langues, cette réédition aux éditions l’Atalante permet de profiter d’un chapitre supplémentaire, et à ceux qui l’ont raté de se rattraper. Tel un conteur, Dmitry Glukhovsky brosse quantité de portraits et de personnages, qui émaillent la vie d’Artyom, et chacun avec sa personnalité, chacun important pour tenter de comprendre comment s’est organisée la vie sous terre, et quelles ont été les conséquences de la catastrophe qui a touché le pays. Le seul vrai problème ? L’absence totale de personnage féminin doté d’au moins un tout petit petit rôle. Rien, nada. À part peut-être celui des mères, présentes dans les tentes de réfugiés, elles ne sont pas là. Et une fois ce défaut constaté, malgré l’aspect très entraînant de l’histoire, difficile de ne pas grincer des dents par ailleurs.
L’univers est riche, et nous le découvrons en même temps qu’Artyom. En même temps que lui, nous nous promenons dans le noir, découvrons ce qu’est le monde aujourd’hui, les dangers psychiques, les mutants, les démons qui se promènent sans que l’on sache pourquoi, dans le métro. Sommes-nous dans une uchronie, un univers parallèle ? Toutes les réponses ne seront pas données à la fin et si les descriptions des stations de métro nous intriguent, c’est surtout pour mieux aller les visiter le jour où on partira à Moscou. Un livre idéal pour faire du tourisme autrement qu’en se tapant la place Rouge et le café Pouchkine. Et son succès est aussi lié au fait, que c’est très facilement transposable dans toutes les villes d’Europe. Après tout, qui ne s’est jamais demandé ce qu’il y avait au bout des couloirs sombres entr’aperçus dans le métro parisien ?