Ce roman est une curiosité. A l'heure où la SF française sort de son anonymat, rééditer ce roman mythique, c'est mettre la mémoire du genre à portée des lecteurs, comme l'ont déjà entrepris d'autres éditeurs. En ouverture, un prologue désarmant de naïveté. Mais le scénario, bien qu'éculé reste agréable : encore et toujours rongé par ses éternels fléaux, la guerre et la cruauté, l'univers est en plein chaos. Un petit groupe d'aventuriers fait une découverte primordiale : la violence est un virus. Il contamine à intervalles réguliers les planètes qu'il croise. Heureusement, la terre produit des anticorps, les mutants, qui engagent le combat, en dépit des trahisons et de leur propre désarroi. La Plaie est un très bon roman. Paradoxalement, il tire sa force des images puissantes que suscite son écriture. Hanté de scènes de massacres et de résignation jusqu'à la nausée, ce Space Opera en habits noirs sorti tout droit du cauchemard de la deuxième guerre mondiale trouve aujourd'hui une résonnance inattendue dans les dramatiques événements des Balkans. C'est le roman de la folie humaine. Un ensemble choc à découvrir.
S. Manfrédo, aout/septembre 1999.