Dons, c’est l’histoire d’Orrec, jeune adulte empli de mélancolie3, conté par lui-même à un voyageur curieux. Porteur d’un Don de destruction, lui permettant de détruire et de tuer par la vue et la volonté, hérité par son père et ses grands-pères avant lui.
De Don, il s’agira ici plutôt d’une malédiction : Un poids non désiré, qui fait de lui l’arme de dissuasion d’un monde médiéval où ces dons font office de prétexte à un système féodal. Chaque territoire se voit dirigé par celleux qui portent ces « dons » : Alliances, mariages, tensions et batailles, c’est la vie d’Orrec, et de Gry, son amie porteuse d’un don bien moins belliqueux.
Point de batailles épiques, de campagnes militaires où l’on abandonne femmes et enfants à leur sort pendant que ces messieurs vont se mettre sur la poire et s’étriper joyeusement au nom d’un idéal patriarcal fantasmé4 : il n’est ici jamais glorifié. Orrec nous parle d’abord de subsistance, de travail, de moissons et de chevaux. Le monde offre de quoi vivre, et tout un chacun.e y connait sa place et sa charge, loin des canons consuméristes et capitalistes dans lesquels nous baignons5.
Et puis de sa terrible quête d’identité, où il doit trouver sa place, malgré ce rôle d’arme dont il ne veut pas, accompagné de sa comparse Gry6, dépositaire, elle aussi, d’un don transmis par sa mère.
Et dans tout ça, la poésie7 ? N’ayant pas les bases nécessaires pour juger de la qualité d’une traduction (… déjà, ne lisant pas en VO8…), je me suis trouvé bien plus embarqué par la beauté de l’univers dépeint ici. La lecture est fluide, l’écriture est belle. Un monde que l’on aimerait découvrir, si seulement on pouvait y déambuler librement9.
ET CETTE COUVERTURE10. Je ne saurai encore une fois rendre suffisamment hommage à l’illustrateur, qui nous sert ici une couverture magnifique, baignée de bleu profond, d’une lumière parfaitement dosée et d’une ambiance vaporeuse, mettant en valeur une ferme aux accents médiévaux nichée dans son écrin montagnard… Et ce personnage mystérieux avançant au milieu de ces hautes herbes luminescentes aux accents étrangement fantastiques. Putain, c’est beau.
Une parenthèse fascinante par le voyage qu’elle nous propose, toute empreinte de mélancolie, non dénué de poésie et riche d’une lecture politique bien présente : Ursula Le Guin11 nous offre une fois encore un premier tome d’une trilogie dont on ne saurait dire autre chose que : Vivement la suite !
????️ Notes de bas de page