[...] Agée de 81 ans, Ursula juge Lavinia comme le meilleur roman qu’elle ait jamais écrit. Elle a même expliqué qu’elle en avait désormais probablement fini avec la fiction. Auteur de vingt et un romans, onze volumes de nouvelles, des essais, douze livres pour enfants, six volumes de poésie, Ursula K. Le Guin a une carrière d’écrivain bien remplie et vit dans la même maison depuis plus de cinquante ans, depuis qu’elle s’est installée à Portland (Oregon), avec son mari l’historien Charles Le Guin, épousé à Paris en 1953. Fille d’Alfred et de Theodora Kroeber, deux célèbres anthropologues américains, elle a grandi à Berkeley, en Californie et a envoyé sa première nouvelle à une revue à 11 ans. Après avoir entamé une carrière de poète, elle s’est fait connaître par la SF. Outre son célèbre La Main gauche de la Nuit (1969), elle a imaginé deux cycles majeurs, un de SF, Le Cycle d’Ekumen, l’autre de fantasy, Le Cycle de Terremer. Passionnée depuis toujours par les cultures orientales (elle a traduit Tao Te Ching de Lao Tseu), elle porte un regard subtil sur la manière dont fonctionnent les sociétés et les interactions humaines.
La fille du roi Latium, Lavinia, venue de l’Antiquité, manquait d’épaisseur et de personnalité. N’était qu’une ombre du décor. Doucement, Ursula K. Le Guin a empli une simple mention faite par Virgile. Attentive aux sonorités, au rythme et à la progression du récit, elle a tressé un roman sur le mode d’un poème. Comblant le remords imaginaire de Virgile. «Oh, ma chère, a-t-il dit toujours aussi doucement. Mon inachevée, mon incomplète, mon inaccomplie.»