Ansul la pacifique, cité des rivages de l’ouest a été envahie, il y a une quinzaine d’années, par les Alds, peuple guerrier venant du désert de l’est. Nous y rencontrons Némar, notre narratrice, enfant d’Ansul, vivant à Galvamand, dans la grande demeure de l’ancien passemestre de la ville. D’entrée, le.a lecteurice peut se sentir perturbé.e de ne pas retrouver Orrec et Gry, les protagonistes du premier volume de la trilogie. Qu’iel ne s’en fasse pas trop, nous les retrouverons bien vite.
Némar, donc, jeune orpheline curieuse, passionnée par les livres et ce qu’ils renferment, nous conte son histoire, chronique méticuleusement ce qui lui est arrivé et les faits qu’on lui a rapportés.
Au fil du récit, on apprend la réticence des Alds envers les livres et tout objet écrit. Selon eux, selon leur religion, les livres ne sont autres que la représentation des démons, portes ouvertes vers les enfers. A leur arrivée à Ansul, ils les ont tous détruits, ont ravagé toutes les bibliothèques, ou du moins, le croient-ils. A Galvamand se cache une pièce sombre et inatteignable, où de nombreux livres ont été préservés.
On reconnait bien là Ursula K. Le Guin remettant en question certains évènements de notre histoire, certains aspects de nos sociétés. Ici, l’obscurantisme religieux, les invasions et autres colonisations, notamment. Et si vous l’avez déjà lue, vous savez que ses livres apportent toujours de la nuance, de l’ambivalence. Personne, dans ce roman, ne possède la vérité absolue. Némar rencontrera des Alds qui lui sembleront plus humains que l’idée qu’elle s’en faisait.
Lorsque nous rencontrons Némar, une paix relative s’est installée à Ansul, où les Alds font la loi. Tout semble figé, jusqu’à l’arrivée de deux personnages que nous connaissons bien : Orrec et Gry. Orrec, devenu conteur, arpente les rivages de l’Ouest en compagnie de sa femme pour y récolter tous les récits qu’il trouvera pour les déclamer ensuite et les offrir à qui voudra l’entendre. Leur arrivée avive les cœurs et finira par déclencher des envies de révolte du peuple.
Ce que nous offre Ursula K. Le Guin avec ce deuxième volume, c’est une ode à la littérature, aux récits qui nous portent. Une ode, aussi, à la diversité de croyance, à la liberté, à la révolte populaire, à toutes ces choses qui nous sont indispensables pour vivre dans une société qui nous comprend.
Docka