Les Dieux se sont réveillés. Las de côtoyer siècle après siècle les mêmes surhommes aux capacités décuplées, ils ont décidé de s'amuser avec les hommes. Après avoir détruit les places fortes, ils anéantissent les sanctuaires, ils bafouent ce que les humains ont de plus sacré. Mais les hommes ne vont pas se laisser faire.
Togul Barok est empereur d'Asturie. Il aime le pouvoir et en veut toujours plus. Il a monté sa milice personnelle avec les soldats les plus coriaces de Tramorée pour atteindre à tout prix le Bardaliut, la résidence des dieux. Est-ce qu'être empereur et demi-dieu ne lui suffirait plus? Changement de paysage, changement de personnages.
Kratos May se traîne à pied avec ce qu'il reste de son armée. Tariman, le dieu forgeron, lui a promis en rêve une épée aussi puissante que Zémal, l'épée de feu. Mais il y a des conditions à un tel cadeau. Il doit protéger sa race. Son objectif : trouver les dieux et les vaincre. Fort heureusement, il bénéficie de l'aide de deux puissants mages Kalagorinôr dont l'unique fonction a, de tout temps, été d'attendre le retour des Dieux. Ils sont là. À l'attaque ! Derguin Gorion peine dans le désert. Il est le Zémalnit, censément le guerrier le plus puissant de Tramorée. Mais la lame qui a fait sa puissance lui a été dérobée par sa fille. Depuis, il brûle du feu du manque. Pour laver son honneur de guerrier et venger la mort de nombre de ses compagnons, il doit récupérer l'épée de feu et monter à l'assaut des divinités qui l'ont trahi. Trois destins, trois trajectoires, un seul point de chute. La fin est proche...
Ca y est ! Le pan ultime de La Chronique de Tramorée est entre vos mains ! Mais ne vous réjouissez pas trop vite : Le Coeur de Tramorée est prévu en deux épisodes. Avec Zémal, Syfrõn, puis Yugaroï, on pensait déjà être arrivé au bout de l'histoire de nos Tramoréens préférés. Que nenni. Au fil du récit, la trame narrative heroic fantasy s'est enrichie d'une dimension SF, et il va falloir encore un certain nombre de pages pour clore le récit. Dès les premières pages, le lecteur remerciera intérieurement Javier Negrete d'avoir accédé à la demande de ses lecteurs. Ils réclamait un petit synopsis pour éviter de devoir relire quelques deux-mille pages précédant le présent tome, « ces romans [ayant été publié] à cinq ans d'intervalle ». En vrai meneur d'hommes, Kratos May prend le lecteur par la main et le conduit à travers les méandres de ses souvenirs. Outre le fait que ce résumé est absolument génial, c'est le premier pas idéal pour se replonger yeux et âme dans le quotidien de la Tramorée.
On aime les héros hauts en couleur dont les émotions sont décrites avec tant de finesse. On déteste les méchants qui n'en sont pas vraiment. Les frontières deviennent floues, et les dieux eux-même ne sont plus divins. On jubile page après page, porté par la délicatesse d'écriture de Javier Negrete. Les genres se floutent. On marche sur des œufs, passant des mythes antiques aux plus innovantes technologies. L'auteur hispanique nous enchante par sa culture, sans jamais tomber dans le pédant.
Bref, on retrouve le vrai plaisir de lire avec cet excellentissime roman imaginaire.
Pantalaimon