Je m'habillerai de nuit - La Pile à lire
Article Original
Tiphaine a grandi. Elle est revenue de Lancre pour prendre sa place en tant que sorcière du Causse. Elle y fait tout ce que les autres ne veulent pas faire, son travail et puis le reste, qui finalement fait aussi partie de celui-ci. Mais dans le Causse, comme ailleurs sur le Disque-Monde, quelque chose ne va pas. Les Sorcières ne sont plus appréciées et petit à petit, la haine semble monter contre elles. Mais s'il n'y avait que ça, alors que Tiphaine galère à trouver sa place dans le monde du haut de ses seize ans, une étrange entité sans yeux la pourchasse.
J'ai trouvé ce tome plus adulte que les précédents. Encore une fois, Tiphaine a grandit (elle avait neuf ans lors de sa première aventure, les Ch'tits hommes libres (que je n'ai pas chroniqué ici), elle en a à présent seize. Cela se ressent dans sa manière de voir le monde, de l'appréhender et d'agir dans celui-ci. Tiphaine quitte l'enfance et les contes de fées (qui ont émaillé les tomes précédents) pour l'âge adulte et la vie "réelle". Elle y découvre que l'homme est parfois plus terrifiant que la reine des fées ou l'Hiverrier. Ainsi dès le début du roman, on assiste à quelques scènes pas franchement joyeuses pour la jeune femme (elle doit empêcher la chasse sauvage (qui n'est ici autre que la vengeance des villageois) de se défouler sur un homme ayant battu sa fille, puis le dépendre après qu'il est tenté de se suicider suite à son geste par exemple)(ce sont des passages que j'ai trouvés très dur d'ailleurs, parce que si Tiphaine fait ce qu'il doit être fait, il n'en reste pas moins que l'homme est une belle pourriture et qu'à sa place, j'aurais peut-être pas été aussi clémente). Outre cela, elle doit aussi trouver sa place dans le monde. Or, Tiphaine est une sorcière, jeune qui plus est. Sa place n'est pas totalement définie à cause et de son âge et de ce qu'elle est. Cela se voit beaucoup lorsqu'elle parle avec le sergent Brian par exemple, qui l'a connu enfant et qui a du mal à voir en elle La Sorcière du Causse (surtout que dans le Causse, les sorcières, ben y en avait pas vraiment avant elle). Tout cela fait de Je m'habillerai de nuit (dont l'explication du titre est je trouve fort poétique au final) un tome un peu à part par rapport aux trois premiers et propulse Tiphaine définitivement pour moi dans le cycle des Sorcières.
D'ailleurs, en parlant des Sorcières, j'ai été ravie de les revoir (je rappelle que j'ai fini le cycle il y a un petit moment déjà (le dernier étant Carpe Jugulum, que bien sûr je n'ai pas chroniqué ici). Mais surtout, j'ai apprécié retrouver Eskarina, qui est l'héroïne du troisième tome des Annales, La Huitième fille (idemn que pour Carpe Jugulum) que je n'avais pas vu depuis, ben le dit troisième tome (que j'ai du lire il y a bien dix ans si ce n'est plus). J'ai quasiment sauté de joie en la retrouvant, surtout que, de part son histoire (la seule femme à la fois sorcière et mage), elle se rapproche beaucoup de Tiphaine. Mais elle n'est pas la seule à faire son apparition, puisque Tiphaine faisant un petit tour par Anck-Morckpock va rencontrer le Guet. J'aime beaucoup quand les divers "univers" de l'auteur se rencontrent, ça donne toujours des situations des plus amusantes (il n'aurait manqué que les mages à ce tome, puisque la Mort, comme souvent avec les sorcières, est aussi au rendez-vous). C'est aussi pour ça que je trouve que les aventures de Tiphaine mériteraient vraiment d'être prise en compte dans les annales (et dans le cycle des sorcières).
Enfin, on retrouve dans ce roman ce qui fait l'essence des Tiphaine Patraque, que ce soit par les thèmes (la transmission, trouver sa place, le deuil aussi etc...) ou les personnages. On retrouve avec bonheur les Feegle, même si je les ai trouvés moins présent que d'habitude, mais la Kelda, Roland, le vieux baron et les parents de Tiphaine. C'est un univers que l'on connait bien à présent et dans lequel je me sens comme chez moi. Alors oui, il est un peu moins "humoristique" que les autres tomes, il est plus adulte aussi, mais ça reste du Tiphaine Patraque. On y retrouve les Feegle et leur parler si particulier, on y retrouve les collines tant aimées de la jeune fille, on y retrouve cette atmosphère un peu conte de fée aussi. Et s'il n'est pas le meilleur tome du Disque-Monde, il est pour l'instant mon préféré de Tiphaine (il m'en manque plus qu'un à lire, le tout dernier, que ce soit de la série ou de Pratchett, j'ai peur de le lire, je dois l'avouer).
La pile à lire
Publié le 30 juin 2021