Servat - Le Monde-aux-jumeaux - Les Vagabonds du rêve
Parce qu'ils ont commis un inceste
mais en toute innocence, Arcturus et Brune de Bri, les enfants du
Nouada, sont seulement condamnés à l'exil et écartés du Rythme.
Les Liwédis, chez qui l'inceste est également tabou, accepteront
pourtant de recevoir le jeune couple car c'est là un privilège des
dieux. Classique. L'ennui, c'est de le rappeler ad nauseam, comme le
désir qu'ils inspirent aux adultes qui les accompagnent ou les croisent.
Il s'agit d'ailleurs du motif de la haine que leur porte le puissant
drwidh Ogam Pentéot et qui lui vaudra d'être chassé et maudit sans
apaiser son besoin de vengeance.
Il ne sera pas leur seul ennemi.
Au fur et à mesure de leur voyage vers la terre qui avait accueilli
leurs parents et sur laquelle ils entendent s'installer, ceux qui ont
désormais adopté les noms d'Aberth, l'Enfant du prodige, et de Stirèn,
la Fille du Nouada, retrouveront leurs pouvoirs.
Ils seront rejoints par les partisans des dieux-jumeaux quelque peu
déconsidérés aux yeux des autres peuples brésis.
Ce sera donc déjà une petite communauté, la Fraternité de Qimïade, quand
arriveront les envahisseurs annoncés par la prophétie. Des envahisseurs
venus de l'espace, comme le Nouada, d'ailleurs.
J'aurais aimé dire grand bien de ma lecture. L'auteur est un excellent
conteur. L'illustration de couverture due à Yann Tisseron ne manque pas
d'élégance. Les variations, même lointaines, de la légende arthurienne
sont un précieux terreau de légendes. Quant au mélange
science-fiction-civilisations-celtiques, l'humour peut l'y disputer à
l'érudition. Mais... c'est une mode bien actuelle, surtout dans le
domaine de la fantasy, que celle des longues sagas dont l'action
n'avance guère faute de se résoudre à écrire le mot "fin". Si difficile
qu'il soit de s'y habituer, le lecteur indulgent finit souvent par s'en
accommoder. Encore faut-il l'y aider.
Les deux héros sont ici de très jeunes adolescents, presque des enfants,
appelés à se confronter à un monde d'adultes. S'il s'agissait d'un de
ces romans, dits pour la jeunesse, qui se voient conférer un rôle
initiatique à la manière d'un conte de fées, pourquoi pas ? Les épreuves
rencontrées y sont alors destinées, quel que soit l'âge, à dépasser
l'enfance en rassurant le lecteur sur ses capacités à y réussir. Un
petit reste d'émerveillement suffit donc pour s'y glisser.
Peut-être était-ce le propos et sera-t-il développé dans d'autres tomes,
mais, en l'espèce, cela exige une suspension d'incrédulité au-delà de
celle que l'on peut raisonnablement attendre. C'est d'autant plus
dommage quand on écrit avec talent.
Les Vagabonds du rêve - Hélène M.
Publié le 21 août 2013