Voici un roman fouillé, à la construction complexe, jouant avec la trame temporelle et les lieux, puisque l’auteur nous fait suivre différents personnages grâce à son narrateur un peu particulier, à des moments différents. Si on se demande au début quels sont les liens entre eux, ceux-ci se tissent petit à petit, tandis que nous découvrons la situation et le rôle que chacun y joue. Plusieurs personnages sont en deuil, il y a beaucoup de non-dits, tandis que les intérêts divergent.
Dans ce premier tome, l’auteur se montre habile pour mettre en place son intrigue, laissant planer le mystère aussi bien sur la particularité du narrateur que sur les intentions des différents groupes présentés. Rapidement cependant, on comprend que deux factions veulent voir les « monstres » rester dans la clandestinité, tandis que certains souhaitent au contraire vivre au grand jour et obtenir les mêmes droits que les humains.
Le livre pousse ainsi à réfléchir sur la qualification de monstre, car elle peut tout aussi bien s’appliquer aux humains, qui sont capables du pire, qu’à des personnes qui se découvrent de nouvelles capacités, ou qui sont nées avec elles. [...] Les réflexions sur la tolérance sont également sollicitées avec les personnages de Ridley, Laina et Rebecca, car ils ne rentrent pas dans le moule formel de la société concernant le couple.
L’intolérance étant déjà présente vis-à-vis des minorités de toutes sortes, il n’est pas difficile de la voir s’étendre à des personnes dotés de pouvoirs que n’ont pas les autres. Le tout est fait de manière assez subtile, et la grande force du roman est de nous captiver dès le début du récit.
Bref, je l’ai dévoré en une journée, c’est un livre qui m’a beaucoup plu, même si j’avoue que la fin m’a laissée insatisfaite, dans le sens où l’arrêt est brutal, la situation restant en suspension après la scène de la manifestation. Je suis curieuse de ce que donnera la suite !