Contrairement à ses précédents récits, Nghi Vo n'a pas choisi une narration linéaire pour nous conter les pérégrinations de Chih et de Presque-Brillante à travers l'empire. En effet, il ne s'agit donc plus de partir à la découverte de nouveaux lieux et de nouvelles personnes mais c'est plutôt un retour aux sources pour le personnage principal.
Pour autant, le récit n'en est pas moins semé d'embûches et nourri d'intrigues. Le ton est d'ailleurs donné dès le départ puisque Chih doit commencer par traverser un rempart de corps humains et de mammouths pour atteindre les portes de l'abbaye. En effet, il y a du mécontentement dans l'air et certaines sont là pour demander réparation. Mais le plus difficile demeure la disparition brutale de l'adelphe Thien, surtout en l'absence de tout le monde ou presque. C'est à son ami d'enfance Ru d'assurer l'intérim des responsabilités. Or, un écueil se pose avec la petite-fille de Thien qui se trouve parmi les assiégeants et réclame le corps de son grand-père pour l'inhumer sur ses terres. L'affaire est clairement épineuse.
Mais ce décès est aussi un temps pour le souvenir et le recueillement. Ainsi, le deuil imprègne les pages de cette quatrième novella. Alors beaucoup d'émotions traversent ces lignes comme le chagrin, la perte, la colère et même le regret. En quelques pages, Nghi Vo s'exprime sur beaucoup de sujets car la disparition d'un proche constitue toujours une occasion pour exorciser les fantômes du passé. C'est une manière de mettre à nu ce qui hante et de faire tomber les masques. Aussi, une personne peut donc tout à fait s'avérer être un ange pour certains et un monstre pour les autres. Et, ce n'est pas parce qu'elle n'est plus qu'il faut taire ses secrets. Cela l'autrice nous le raconte très bien dans sa nouvelle et cela remue d'autant plus qu'il est question de violence faite aux femmes.
Cette remontée de souvenirs à graver dans la mémoire et à inscrire dans les archives permet aussi aux vivants de faire le point sur leur vie. Ainsi, on se remémore le passé pour mieux se projeter dans l'avenir.
Par conséquent, l'heure est à l'introspection personnelle, particulièrement pour le protagoniste principal, qui est confronté au vieillissement des autres, miroir de lui-même et est notamment traversé par la nostalgie de son enfance.
Admirable conteuse, Nghi Vo arrive à tisser un profond attachement entre ses personnages et nous, en dépit du format court de ses histoires. Mais le fait de les suivre dans la durée demeure un atout indéniable pour renforcer ce lien.
Retrouver Chih et Presque-Brillante constitue un vrai moment d'émerveillement car on reste continuellement dans l'attente de connaître la suite de leurs aventures qui sont parfois rocambolesques et à coup sûr toujours très touchantes.
Chaques textes de cette série des Archives des Collines-Chantantes ont beau être courts, ils sont toujours très percutants.
Pour conclure
N'attendez pas plus longtemps pour vous ruer dessus car comme d'habitude, c'est d'une très grande qualité.
En plus, vous le trouverez aussi bien au format relié ou broché, alors que demander de plus !