Encore une histoire racontant des histoires. Encore un récit plein d’empathie et de tendresse, de finesse et de douceur. Mais sans éviter les haines et les colères. Nghi Vo ne se montre pas naïve dans ses écrits.

Des mammouths à la porte - Le nocher des livres
Article Original

Enfin, l’adelphe Chih rentre chez iel. Enfin, iel est de retour dans l’abbaye des Collines-Chantantes. Mais quand iel parvient en vue de ce but tant espéré, une désagréable surprise l’attend. Comme le titre l’indique, iel découvre deux mammouths massifs postés devant les portes de ce qu’il considère comme sa demeure. Que font-ils là ? Pourquoi menacent-ils l’intégrité de ce lieu de savoir ?

Quatrième volume de la série des Archives des Collines-Chantantes, après L’impératrice du Sel et de la Fortune, Quand la tigresse descendit de la montagne et Entre les méandres, Des mammouths à la porte nous conte la suite des aventures de l’adelphe Chih. Dans un épisode important, puisqu’après plusieurs années d’absence, iel (Pour ceux qui n’ont lu aucun des volumes précédents, ce personnage est non binaire et iel est désigné tantôt par le pronom « il », tantôt par le pronom « elle ». De mon côté, j’utilise « iel » car c’est plus simple.) revient là où tout a commencé. Même si nous, en tant que lecteurice, nous n’avons encore jamais mis les pieds (les yeux ou les oreilles pour ceux qui préfèrent les audio livres) dans ce lieu où Chih a été formé et a grandi. Le moment est donc nécessairement empli d’émotions, car iel va retrouver des êtres chers dont iel n’avait aucune nouvelle depuis tout ce temps. N’oublions pas que le téléphone et autres moyens de communication si banals de nos jours n’existaient pas. D’où la force de ces retrouvailles.

De plus, Chih avait perdu (enfin, pas vraiment, mais celui-ci devait retourner aux Collines-Chantantes pour une belle raison) son neixin, l’animal qui l’accompagne en permanence et retient dans sa mémoire fantastique toutes les histoires qui lui sont narrées. Mais je ne devrais pas employer ce terme pour le qualifier, comme le dit au autre neixin : « Un animal ? Vous le savez pourtant sans équivoque, je n’en suis pas un. Je suis une neixin des Collines-chantantes, dont vous occupez le territoire sans invitation. »

Le siège

Comme le pointe cette dernière citation, une troupe cerne le lieu de culte et menace son intégrité. La raison ? Un différent à propos de l’un des habitants des Collines-Chantantes. Or les deux chefs des deux camps sont particulièrement têtus et campent sur leurs positions. Chih va donc, malgré iel se retrouver au centre de ce conflit et tenter, avec ses moyens, et ceux des neixin, d’arranger les choses. J’ai bien dit les neixin. La belle surprise de ce tome est la découverte de l’endroit où ils vivent, mais aussi où ils naissent et sont élevés. C’est d’ailleurs là que Chih retrouve Presque-Brillante « sa » neixin attitrée. Ce n’est que le début de cette plongée dans le passé. Chih va, vu les circonstances, être obligé de se souvenir et de retrouver des histoires permettant aux différents protagonistes de trouver une solution. Iel ne sera pas lae seul, mais iel sera déterminant. Et cela lui permettra à iel aussi, de surmonter l’épreuve terrible du deuil.

Encore une histoire racontant des histoires. Encore un récit plein d’empathie et de tendresse, de finesse et de douceur. Mais sans éviter les haines et les colères. Nghi Vo ne se montre pas naïve dans ses écrits. Et si elle propose le dialogue comme solution, elle sait et montre que la force des sentiments peut être plus forte que la raison. Des mammouths à la porte offre encore de beaux moments de contemplation et de réflexion, dans son style si particulier et que j’apprécie toujours autant. Ce qui me fait attendre, déjà, avec impatience The Brides of High Hill, cinquième aventure de l’adelphe Chih.

Publié le 28 mai 2024

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