Retour au bercail pour Chih, mais dans un contexte difficile… La mort d’une adelphe aimée de tous provoque des turbulences diplomatiques, sources de chaos au sein de l’abbaye des Collines-Chantantes, réputée pour son calme et ses mystérieuses neixins. Un excellent quatrième roman où le ton s’ajuste parfaitement aux thèmes.
L’éternel retour
Chih s’en revient chez iel, et ce après un long et enrichissant travail de terrain, dans le but de récolter les histoires et contes les plus méconnus de l’empire Anh. Arriver à l’abbaye est une chose, se dépêtrer de deux mammouths royaux à l’entrée est une autre aventure. Venu récupérer le corps d’une adelphe pour l’emmener sur ses terres natales, le corps expéditionnaire du Nord provoque des bouleversements au sein des Collines-Chantantes. Un roman du retour avec de nouvelles révélations sur l’abbaye, les adelphes, l’empire, mais surtout sur les neixins.
Les souvenirs synchronisés
Chaque livre des Archives part d’un constat personnel d’où Nghi Vo extirpe ses inspirations. Des mammouths à la porte parle de deuil et de respect des identités. L’autrice a dû aider une amie à vider la maison d’un oncle défunt. Elle n’a pas pu assister aux obsèques, mais elle a pu aider lors de ce déménagement douloureux et pourtant réparateur. Les remerciements de fin dans chaque roman de Nghi Vo nous offrent le pourquoi de ses choix narratifs, où l’autrice excelle toujours autant à synchroniser ses expériences de vie avec son imaginaire.
La saga des Archives et son héritage littéraire
La lecture des quatre premiers tomes fut une source de bonheur, d’apaisement et d’émerveillement, grâce à la plume de Nghi Vo, les couvertures d’Alyssa Winans et la traduction de Mikael Cabon. Si je devais ici et maintenant choisir le tome qui m’a le plus marqué, je dirais Entre les méandres ex aequo avec ce quatrième roman. Entre les méandres m’a impressionné par sa narration géographique et la grande place consacrée aux figures féminines. Tandis que le deuil et son après sont des thèmes centraux de ce quatrième livre, qui m’ont aussi bien remué et m’ont rappelé les meilleurs moments passés avec mes proches. Nghi Vo démontre ici toute la richesse des multiples identités et la longévité historique des imaginaires vietnamiens et chinois.
Des mammouths à la porte est un retour aux sources pour Chih et Presque-Brillante. Tout comme l’adelphe à travers ses voyages, où le changement est permanent, l’Abbaye des Collines-Chantantes a elle aussi subi les fluctuations du temps. Remarquable entrée au cœur de l’Abbaye, ce tome fait la part belle aux neixins, gardiennes des archives, amies des adelphes et réceptacles des âmes. Des mammouths à la porte confirme une fois de plus toute la beauté des écrits de Nghi Vo.