Nous avions adoré les deux premiers tomes de cette novella douce-amère qui nous emporte dans un univers de fantasy inspiré de la Chine médiévale et nous présente une galerie de personnage plus intéressant les uns que les autres.
Quel bonheur de découvrir des morceaux d’histoire toujours aussi différentes et incroyables, même lorsqu’elles proviennent d’un simple barbier ! Chih et son autrice jouent à nouveau les entremetteurs entre nous, lecteurs, et ces inconnus à l’allure banale qui cachent des secrets aussi étonnants que sordides parfois.
Dans le tome 2 des Archives des Collines-Chantantes, Chih était seul car sa fidèle compagne, la neixin Presque-Brillante, était partie nicher. Elle est maintenant de retour et n’a pas perdu sa langue acérée ! La présence de l’oiseau à la mémoire infaillible et aux commentaires sarcastiques permet de voir Chih sous un autre angle : sous son apparent professionnalisme, iel reste un très jeune adelphe.
Sa sagesse n’est plus à prouver, comme sa curiosité, mais sa jeunesse n’en reste pas moins tangible et les deux compagnons se complètent et s’épaulent l’un l’autre, surtout dans cet environnement difficile où les légendes que l’on va leur raconter ont des conséquences bien réelles.
En plus de la complicité touchante et drôle entre la neixin et l’archiviste, ce troisième tome nous offre d’autres relations humaines plus intrigantes que jamais avec l’arrivée de quatre compagnons de voyage : les sœurs jurées Wei Jintai et Sang, ainsi qu’un couple de paysans âgés de la région.
Comme le dit le résumé de la novella, l’impressionnant art martial que pratique Wei Jintai intrigue Chih mais c’est aussi la dynamique entre les deux jeunes femmes qui va lea pousser à les suivre. À travers leur regard, iel va aussi apprendre à prendre certaines histoires légendaires avec des pincettes et à les reconsidérer sous un angle plus moderne – sans jamais oublier que chaque histoire mérite d’être archivée, aussi critiquable soit-elle.
Les cultures que découvre Chih se suivent mais ne se ressemblent pas. Celle des méandres vous laissera à la fois émerveillé comme les précédentes mais aussi… inquiet. Car cette fois, les compagnons de Chih ne lui parlent pas seulement d’impératrices et de dieux inaccessibles qui auraient forgé les paysages autour d’eux, mais de rumeurs de bandits et de crimes effroyables qui hanteraient encore les routes qu’ils parcourent.
Aussi soudainement qu’un saut dans le vide, Chih va se rendre compte que l’histoire est toujours en cours d’écriture lorsque le groupe découvrira un homme violemment pendu par des bandits au milieu de la forêt. La mort – et la question de la fin et de la mémoire d’une histoire - devient tangible pour l’adelphe qui ne peut plus se cacher derrière son rôle sacré. L’ambiance sur le chemin devient sombre.
C’est là que la constitution en duo des archivistes avec une neixin et son adelphe devient indispensable pour ne pas céder sous le poids des émotions et des histoires qu’ils ont comme mission d’absorber. Plusieurs fois, l’un ou l’autre est sur le point de perdre pied face à la violence de la réalité comme Chih, pris d’une crise d’angoisse après avoir découvert de corps du pauvre homme et en comprenant que l’organisation de la Main Creuse n’existe pas que dans les livres. Son amie va l’aider à s’ancrer et à apprendre à détacher les émotions des autres de sa propre vie et de son chemin.
Si vous voulez vous aussi descendre dans les méandres et confronter votre amour des histoires à la réalité, lisez sans attendre Entre les méandres, de Nghi Vo !