Après un passage à Fortune-Prospère dans le premier roman, puis dans les montagnes des Dos-de-Sangliers (ou Ogaï selon les versions), dans le second roman, l’historienne Chih et sa compagne de voyage Presque-Brillante vont vivre leur plus grande aventure. Et pour cause : la traversée de la région des méandres peut être mortelle et il n’est pas si rare d’y croiser des bandits, des réminiscences de sectes et des nécromanciens. Mais les méandres sont aussi une région de liberté et d’indépendance, fièrement revendiquée par les Légendes martiales. Des milliers de contes parsèment les méandres et, au même titre qu’il est impossible de tout savoir d’une personne, une vie ne suffirait pas à connaître la moitié de ces contes méandreux. Il n’est néanmoins jamais trop tard pour en connaître un ou deux.
Entre les contes et les rencontres
Comme nombre d’histoires, Entre les méandres commence dans une taverne. Une bagarre interrompt le repas et le thé de Chih. La rapidité, la grâce, le mouvement de la combattante, venue protéger la serveuse d’un rustre, pique la curiosité de Presque-Brillante.
La neixin à la mémoire infaillible et au bec bien pendu en est certain : elle pratique le style du singe du Sud. Cette école d’arts martiaux ne comptait, il y a vingt ans, plus que dix-huit adeptes. Et la moitié étaient centenaires. Qui peut bien être cette jeune prodige ?
Dans l’objectif de rejoindre la ville fluviale des Quais-de-Bétoine, pour toucher les subsides qui l’y attendaient en provenance de l’abbaye des Collines-Chantantes et avant de prendre le bac pour Vihn, Chih et Presque-Brillante proposent à cette femme et sa sœur de voyager quelques jours ensemble. Rejointe par un couple connaissant la région comme leur poche, la troupe se met donc en route vers Quais-de-Bétoine. Aux confins de l’empire Anh, les méandres du fleuve Huan grouillent de bandits, et de légendes dont chaque voyageur a une version. Parfait pour l’archiviste, qui n’en perdra pas une miette.
Le wuxia à l’honneur
Autant une lettre d’amour à la région des méandres qu’au genre du wuxia, ce troisième tome va plus loin dans les scènes d’action que les précédents de la série. Avec toujours plus de présence féminine au premier plan et dans les contes, Nghi Vo continue d’étonner et de faire plaisir à notre soif de curiosité à propos de cet univers décidément sans limites.
Le wuxia, c’est un des nombreux genres de la fantasy chinoise (dont la Xuanhuan, Qihuan et Xianxia), un genre qui s’intéresse à la destinée des femmes et hommes ordinaires, qui met en avant les héroïnes guerrières et errantes. Les personnages de Wei Jintai, Mac Sang et Lao Bingyi sont les authentiques guerrières errantes de cette wuxia méandreuse. Ce troisième livre vous permettra de connaître certains de leurs secrets tandis que d’autres seront impossibles à déchiffrer, et ce même malgré la persistance de Chih. À travers les trois tomes de la saga, il est ainsi impressionnant de constater la grande et belle variété des figures féminines représentées. Les méandres sont une terre d’opportunités et de faits d’armes où des « femmes dénuées d’attraits » deviennent les héroïnes des plus beaux contes. Mais comme le dit si bien Sang : « Les gens n’étaient beaux ou laids que parce que d’autres en décidaient. »
Ode aux méandres
Véritable région où l’imprévisibilité rime avec martialité, Nghi Vo se met ainsi à la géographie littéraire où chaque nouveau chapitre est propice à de beaux paragraphes évocateurs des nombreuses richesses historiques et imaginaires de la région des méandres. Territoire parfaitement intégré à l’empire Anh, région qui appartient « à tout le monde et à personne », ancienne réserve de chasse, réceptacles de milliers de contes, les méandres sont un labyrinthe, mais aussi le berceau des futures légendes. Avec toujours des références croisées à l’histoire de la Chine et du Việt Nam, ce troisième tome confirme toute la singularité de cette saga.
Un troisième livre magistral pour une saga parfaitement maîtrisée ! Impressionnante lecture de moins d’une centaine de pages, Entre les méandres étonne par la simplicité et la force ordinaire de son récit. D’un thé renversé dans une taverne aux récits du maître des Tremblements de terre, de Yi la Laie et de Chen le Spectre, le roman fait passer la saga des Archives en mode légende !