La plume de Nghi Vo est poétique, envoûtante et sensuelle et cela participe grandement au plaisir de lecture.

Les Beaux et les Élus - Love in Books
Article Original

Après sa série des Archives des Collines-Chantantes, Nghi Vo livre une réécriture de Gatsby le Magnifique de Scott Fitzgerald, faisant de Jordan Baker, joueuse de golf et meilleure amie de Daisy, la narratrice de cette histoire.
Si Les Beaux et les Élus conservent le même déroulement narratif que ce grand classique de la littérature américaine, c’est dans sa description des personnages et leurs rapports entre eux que Nghi Vo propose des variations.
Jordan Baker devient ainsi une jeune femme libre, queer et indépendante, essayant de faire oublier (et d’oublier elle-même) ses origines vietnamiennes, dans une société fortement marquée par la ségrégation raciale. Nghi Vo saupoudre également sa version de Gatsby d’une bonne dose de fantastique et de réalisme magique.
À l’instar de la première scène du roman où Daisy et Jordan flottent au gré de la brise dans les pièces de la demeure des Carraway, telles des pétales de fleurs ou des fées espiègles. La magie apparaît également lorsque Jordan découpe des formes de papier prenant subitement vie. Il n’est pas impossible non plus de croiser des fantômes, au détour d’une rue ou d’un couloir, de vendre son âme au diable, ni d’avoir des visions après quelques gorgées d’une boisson démoniaque.
La plume de Nghi Vo est poétique, envoûtante et sensuelle et cela participe grandement au plaisir de lecture. Il m’a été cependant impossible de m’attacher aux personnages. Ils sont tous odieux à leurs façons, s’utilisant les uns les autres pour essayer de toucher du doigt un bonheur finalement impossible. Signe que l’argent ne fait pas tout, loin s’en faut ! Ce sont au final quasiment tous des « gosses de riches », nés avec une cuillère d’argent dans la bouche, soucieux uniquement de leur propre petite personne et menant des vies insouciantes. 

Aurélie

Publié le 6 septembre 2024

à propos de la même œuvre