Que la seule rescapée du massacre qui a détruit sa famille jure de se venger des pirates qui l'ont commis est un argument d'une immense banalité pour un début de roman. Que ladite rescapée détruise à elle seule le commando des pirates en question l'est déjà moins. Qu'elle survive dans la neige plusieurs jours, percée de maintes blessures, presque toutes mortelles, l'est moins encore.Mais ce qui est vraiment original, c'est l'entité qui, appelée par l'intensité de sa rage, lui a sauvé la vie, car il s'agit de rien moins que Tisiphone, l'une des trois Furies bien connues (si l'on peut dire !) des Grecs anciens, laquelle souffrait de sa solitude depuis la disparition de ses soeurs.Quand le trio, sous une forme légèrement différente, sera reconstitué, malheur à qui se trouvera sur sa route !
David Weber a plusieurs talents : l'art de camper des personnages féminins hors du commun ; celui de construire un scénario de combat spatial vraisemblable et qui ménage un suspens à couper au couteau ; celui de trouver les idées les plus invraisemblablement originales pour des personnages secondaires : le chat empathe hexapodes d'Honor Harrington était déjà une trouvaille extraordinaire, mais l'idée de "ressusciter" les Furies l'est sans doute plus encore. Outre le plaisir que tout amateur de space opera et/ou de roman d'aventures prendra à une histoire très bien ficelée, qui ne manque ni de planètes bizarres ni d'ET vraiment très différents, il y a une écriture efficace, très maîtrisée, et une intéressante réflexion sous-jacente à propos de ce que les différentes civilisations humaines considèrent, ou non, comme réel.
Enfin, pour confirmer le "sans faute", l'illustration de couverture, due à Dider Florentz, est aussi appropriée que belle, et la traduction de Franck Reichert est à la fois élégante, fidèle et grammaticalement impeccable. En un mot, parfaite ! Vraiment un excellent roman de détente, que l'on ne peut que recommander chaudement.
Mureliane (04/09/2007)